24 heures
Philippe Doffey, directeur général
Retraites Populaires
Le Prix Nobel d’économie 2009 a été décerné très récemment à l’américaine Elinor Ostrom de l’Université d’Indiana. Elle est récompensée pour avoir démontré comment les biens communs peuvent être efficacement gérés par des "associations d’usagers". Elle a étudié les formes de coopération par lesquelles des individus s’engagent et obtiennent des "rendements" plus importants que si chacun œuvrait pour lui-même.
On peut se poser la question si la mutualité est aussi un exemple d’engagement collectif. Elle tire son origine des corporations médiévales qui protégeaient leurs membres et leurs familles en cas de maladie et de décès; la solidarité et la répartition des risques ont permis à ce modèle à se développer au-delà du Moyen âge. Les forces de la mutualité résident donc dans un système de solidarité sociale fondé sur l’entraide réciproque des membres qui cotisent et la communauté de risque dans laquelle ils se garantissent les mêmes avantages en excluant toute idée de bénéfice. En d’autres termes, la mutualité privilégie de nobles idéaux auxquels nous sommes tous sensibles.
Mais qu’en est-il aujourd’hui, ce mode d’organisation est-il toujours d’actualité à l’heure ou l’individualisme et les profits rapides prennent souvent le dessus?
L’assurance des biens et des personnes est de nos jours encore un secteur dans lequel les mutuelles restent d'actualité. Dans l’assurance vie et la prévoyance professionnelle en particulier, les idéaux de la mutualité sont bien présents sur le marché, grâce à de nombreux avantages favorisant son développement.
A l'instar du modèle appliqué par Retraites Populaires, le système de solidarité proposé par les mutuelles est un de leurs avantages concurrentiels majeurs. Une autre force est leur vocation à être près des gens et à s’intéresser à toutes les affaires sans distinction de taille. Les mutuelles sont aussi en mesure de planifier sur la durée, de s’engager dans des projets de longue haleine, pas forcément susceptibles de rapporter dans l’immédiat. Historiquement, le fait de n’avoir ni actionnaires à satisfaire, donc pas de dividendes à payer, ni de cours de bourse à surveiller au jour le jour s’est révélé être un avantage déterminant.
Dans le domaine de la prévoyance professionnelle, l’approche mutuelle fait particulièrement sens. Elle permet, en cas de disponibilité, de redistribuer l’ensemble des excédents aux assurés actifs et aux retraités. Des critères de distribution parfois complexes ne sont pas nécessaires pour définir la part à retourner à l’actionnaire.
L’un des challenges à relever par les mutuelles reste leur capacité à mobiliser les fonds nécessaires pour financer les investissements incontournables pour répondre aux attentes du marché et de leur clientèle. Dans ce domaine également, la mutualisation et le partage des investissements entre plusieurs acteurs du marché permet de relever ce défi.
La présence de sociétés détenues par leurs actionnaires et de mutuelles détenues par leurs bénéficiaires garantit une diversité de l’offre propres à répondre aux attentes diverses de la clientèle. Il est intéressant de constater que le comité du prix Nobel a été convaincu par les travaux réalisés sur des modèles de coopérations parfois considérés à tort en perte de vitesse.
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