Eric Niederhauser a le goût du risque... calculé!

Le nouveau directeur de Retraites Populaires est un sportif accompli qui fonctionne aux objectifs. Rencontre avec un homme de défis.

Magazine PPS de décembre 2024
Par Frédéric Rein

Eric Niederhauser aime les risques. Pour autant, toutefois, qu’ils soient contenus et calculés ! On est actuaire ou on ne l’est pas. Très tôt, déjà, le nouveau directeur de Retraites Populaires, aujourd’hui âgé de 49 ans, a en effet préféré assurer ses arrières plutôt que de se brûler les ailes. Il en a ainsi été il y a quelques dizaines d’années, quand le jeune Valaisan de Savièse semblait être en passe de réaliser le rêve d’un grand nombre d’enfants: devenir footballeur professionnel. Un sport qui a rythmé son quotidien dès ses plus jeunes années.

Il faut dire qu’il a rapidement été bercé par les exploits du FC Sion, où ses parents ont tenu durant 25 ans la buvette, et ce dès ses 5 ans. Si bien que, à 14 ans, le jeune Saviésan intégrait même la sélection nationale. « Cela aura été une expérience et des souvenirs inoubliables, se rappelle-t-il. Entre 15 et 18 ans, j’ai été l’un des rares Romands à avoir la chance d’être retenu en sélection nationale et ainsi voyager dans de nombreux pays où la culture footballistique était forte, comme l’Espagne, l’Angleterre ou encore l’Italie, que nous avons d’ailleurs eu l’honneur de battre 1-0. » Son meilleur souvenir ? Une rencontre contre la Turquie qui s’est déroulée à Savièse, là où ce gardien a grandi et fait toutes ses matchs juniors avant de rejoindre le grand club voisin, le FC Sion. « Cela aura été une école de vie extraordinaire, poursuit-il. J’y ai appris l’esprit d’équipe, le respect du cadre et des consignes, ainsi que l’engagement. Ce sont des valeurs utiles dans la vie et qui sont restées ancrées dans mon mode de fonctionnement », affirme-t-il. 

Malgré tout, au début des années 1990, alors que son transfert au FC Yverdon, alors en LNB, était sur le point d’être confirmé, il décide, contre toute attente, de ne pas saisir cette opportunité. « Dans une équipe de foot, il n’y a qu’un gardien: le risque de ne pas trouver ma place était trop grand », explique-t-il sans détour. Aujourd’hui encore, il dit n’avoir aucun regret quant à ce choix. Un milieu qu’il continuera toutefois à fréquenter, se « contentant » de jouer encore près de dix ans en 2e ligue, jusqu’à l’âge d’environ 30 ans. « Je sentais que c’était le moment de m’arrêter, se souvient-il. J’avais eu la chance de ne jamais me blesser, mais je sentais qu’en m’entraînant moins, le risque augmenterait inévitablement. » Des risques, mais calculés, vous disait-on.

Des changements dans la continuité

En parallèle, il s’implique dans sa vie professionnelle, dont les prémices ont débuté durant ses études. Mais revenons d’abord à ses années universitaires, qui ont commencé en 1994, sur les bancs de l’Université de Lausanne, plus précisément en HEC. « J’aimais bien les mathématiques, mais ne savais pas trop quelles études entamer, souligne-t-il. Un professeur de gymnase m’a alors suggéré d’aller me renseigner sur la formation d’actuaire, et j’ai suivi son conseil. Le fait que ce soit des maths appliquées m’a vite intéressé, tout comme les opportunités en termes de débouchées professionnelles. En plus, c’était une filière un peu plus confidentielle, avec des volées d’une vingtaine de personnes, où il y avait une grande diversité d’apprentissages, puisque nous avions aussi bien du droit, de la comptabilité et des maths. » 
S’il boucle ses études en 1997, sa carrière professionnelle débute deux ans plus tôt… à Retraites Populaires. « Après un stage d’été, j’ai saisi l’opportunité d’y travailler un jour et demi par semaine durant mes deux dernières années en HEC », raconte le Valaisan. Le hasard a alors voulu qu’un poste d’actuaire se libère. « Cela m’a permis d’avoir une progression régulière et de toucher à tout, note-t-il. J’ai notamment été très impliqué dans les projets durant la refonte de notre système informatique. J’ai ainsi pu faire connaissance avec tous les métiers de l’entreprise. » Jusqu’à atteindre le sommet de la pyramide hiérarchique de cette mutuelle en janvier dernier. « C’est un rôle assez différent des précédents, mais très intéressant, car je ne suis plus en lien direct avec les projets, décrypte-t-il. J’œuvre en revanche davantage dans la coordination, la supervision, la représentation et les interactions avec les parties prenantes externes. »

Changer la typologie de nos messages

Plus que jamais, il s’est donné pour mission de décomplexifier la prévoyance aux yeux du grand public : «A la différence du foot, qui a tendance à passionner les foules, ce domaine connaît un intérêt moyen de la part des assurés, car la matière est compliquée à intégrer et à comprendre. Cette couverture d’assurance est pourtant importante dans l’optique d’arriver à la retraite dans les meilleures conditions financières possibles. D’autant plus à une époque où les jeunes intègrent plus tardivement le marché du travail, qu’ils veulent prendre des années sabbatiques ou encore travailler à temps partiel. Il est important que nous changions la typologie de nos messages, afin d’aller vers plus de simplicité, même si ce n’est pas totalement correct techniquement. Un peu comme le fait la gauche avec des slogans forts. » 

En d’autres termes, éviter de se mettre un autogoal ! Mais la métaphore n’est plus tout à fait d’actualité, car le directeur de Retraites Populaires ne joue plus du tout au football. Pour être pertinent, nous aurions plutôt dû évoquer une course contre la montre. Car aujourd’hui, Eric Niederhauser pratique la course à pied et le ski de randonnée. « Avant, j’ai fait du tennis durant près de huit ans, explique-t-il. Avec des copains, nous avons monté une équipe à Savièse afin de faire les interclubs. Mais le tennis est un sport relativement contraignant : il faut avoir un adversaire pour jouer, des horaires prédéfinis et bloquer de nombreux week-end en été pour les interclubs. » Il a donc opté pour deux sports d’endurance qui lui permettent « de me ressourcer et de m’évader. J’avais besoin de garder une activité physique qui fasse écho à mon activité sédentaire au bureau. » 

Concrètement, cela se traduit par quatre entraînements hebdomadaires, pour un total d’environ cinq à six heures de course par semaine. « J’y vais le plus souvent seul, parfois avec des amis, voire, de temps en temps, avec le groupe sport de l’entreprise », précise-t-il. Et, comme il « fonctionne aux objectifs », il s’en fixe à chaque début de saison pour les deux à trois courses qu’il effectue. Parfois, il vise des temps, parfois des distances. Après trois ans à faire des courses de 25 à 30 km, il est désormais passé sur des trails d’une cinquantaine de kilomètres avec la farouche volonté de finir dans de bonnes conditions. « Je ne vais pas monter sur des distances supérieures, car cela impliquerait de passer la nuit en course, ce qui ne m’intéresse pas vraiment », avoue celui qui a notamment à son actif la Grande Patrouille des Glaciers et le marathon de New York.

Entre nature et technologie  

Les voyages représentent une autre passion d’Eric Niederhauser, qu’il partage avec sa femme Laetitia, avec laquelle il est marié depuis 25 ans. « Nous aimons tout particulièrement les périples qui combinent des activités sportives en nature. Nos dernières destinations nous ont, par exemple, amené à découvrir l’Islande, Madère, les Açores, les Dolomites italiennes ou encore la Slovénie. Autant de destination qui nous ont permis de découvrir ces régions tout en ayant des possibilités de randonnée infinies. Un autre voyage marquant aura été un voyage en Australie durant un congé sabbatique de huit semaines. »

L’un de ses autres dadas, c’est la technologie. Geek sur les bords, comme il le dit lui-même, il aime les applications et les gadgets technologiques, notamment ceux qui lui permettent de monitorer ses séances de course à pied, de gérer les systèmes d’alarme et la consommation des installations photovoltaïques de sa maison de Savièse. « Nous avons vécu durant cinq ans à Lausanne, mais nous étions un peu en décalage partout, car nous rentrions tous les week-ends en Valais. Désormais, j’ai un petit appartement vaudois où je passe deux ou trois nuits par semaine. Le reste du temps, je suis en Valais, où se trouve ma famille et mon cercle d’amis. » En l’occurrence, ce n’est pas un risque calculé, mais un choix de cœur.