24 heures et Tribune de Genève
Claude Richard
Directeur général
L’espérance de vie s’allonge en Suisse. Au cours des cinq dernières années, celle des hommes arrivés à l’âge de 65 ans a augmenté d’un an. Celle des femmes a aussi progressé, de six mois. Révélées par une étude des cabinets d’experts AON Hewitt et LCP Libera, ces données récoltées auprès de quatorze grandes caisses de pensions helvétiques sont réjouissantes sur le plan humain. Nous occupons ainsi le deuxième rang mondial de l’espérance de vie à la naissance, derrière le Japon.
Si notre hygiène de vie saine nous permet de vivre plus longtemps, le revers de la médaille ne peut être négligé. Notre longévité nous oblige à repenser le système de pensions que nous appliquons en Suisse. Il n’a pas été conçu pour assumer une évolution si rapide de la durée de vie. Il faut s’en rendre compte. Car personne n’a intérêt à ce que le modèle devienne déficitaire et ne puisse plus garantir à long terme des rentes adéquates pour les personnes qui arrivent à la retraite.
Il n’y pas de solution miraculeuse. Augmenter les cotisations ou la durée de leur prélèvement, réduire les prestations ou encore reporter l’âge d’entrée en rente: plusieurs pistes sont possibles. Mais nous n’échapperons pas à la nécessité d’en choisir une ou d’en combiner plusieurs, comme l’ont déjà fait la France ou l’Espagne. A l’occasion de la votation sur la réduction du taux de conversion, on a pu constater combien la question est délicate. Il convient donc d’ouvrir le débat en toute transparence et d’expliquer clairement les enjeux. Cette réflexion doit se dérouler sans attendre. On a en effet vu les effets dévastateurs, dans certains pays qui nous entourent, du report continuel de discussions pourtant indispensables. Il en va de l’avenir de notre système de prévoyance, et par conséquence de notre avenir à tous.
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