24 heures et Tribune de Genève
Serge Ledermann
Directeur
Le début d’année sur les chapeaux de roue des principales bourses mondiales a amené nombre d’experts à évoquer le commencement de la "grande rotation". On entend par là un transfert continu de fonds des obligations, actifs refuges, vers les actions, actifs plus risqués mais plus rémunérateurs.
La répression financière mise en place par les grandes banques centrales porte enfin ses fruits: elle encourage les investisseurs à accroître la prise de risque et créer de la confiance dans le système. Les taux d’intérêt à court terme sont au plancher et ne sauraient baisser davantage pour stimuler l’économie. L’éloignement des principaux risques macro-économiques permet désormais aux investisseurs de quitter leur posture extrêmement prudente et de se mettre en quête de meilleures rémunérations pour leur patrimoine. Il n’est donc pas exagéré de parler d’une certaine normalisation ou d’une gestion d’après-crise dans les marchés financiers.
La "grande rotation" est-elle le début d’un nouveau marché haussier durable pour les actions? L’adage des vieux sages est que certaines conditions doivent être réunies pour initier un cycle à la hausse durable: évaluation historiquement basse, sentiment hostile à la classe d’actifs considérée et politique monétaire plutôt expansive (ou sur le point de le devenir). Force est de constater que seul le 3e élément est vérifié aujourd’hui.
Lorsque nous étions en présence de toutes les conditions, en mars 2009, la crise faisait peur. Le cycle haussier a donc bel et bien commencé voici quatre ans, permettant à l’indice américain de progresser de plus de 100% dans l’intervalle, alors que la Suisse s’appréciait de plus de 70%! Rien ne permet de penser que ce mouvement soit sur le point de se retourner, mais il ne s’agit certainement pas des premiers pas d’une reprise.
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