24 heures et Tribune de Genève
Alain Pahud
Directeur
Avant 1985, notre 2e pilier reposait sur les bases de l’assurance collective. On appliquait la mise en commun des ressources et des risques ("communauté de sort"). Puis a démarré une vague d’individualisation, avec la création d’un carnet d’épargne personnel du cotisant. Les autorités fédérales introduisent le taux de conversion, nécessaire pour passer du capital à la rente, mais surtout non garanti dans le temps. C’est la séparation entre actifs et pensionnés, ainsi que la rupture de la solidarité entre ces deux groupes. Quant à la rémunération de l’épargne, elle est imaginée variable sur la durée, susceptible de faire des générations de chanceux et de malchanceux en fonction des époques. Nouvelle rupture, cette fois-ci dans le temps.
La deuxième étape de cette individualisation date de 1995, avec l’accession à la propriété par son 2e pilier. Cette option permet à l’assuré de devenir son propre investisseur en lieu et place de la caisse de pension. Ensuite est naturellement venu le libre-choix de la politique de placement de son épargne retraite, aux risques et périls de l’intéressé. Parmi ceux qui choisissent le capital plutôt que la rente lors de la retraite, on compte inévitablement des perdants. Surtout s’ils l’investissent au mauvais moment et au mauvais endroit.
La prochaine étape sera-elle le libre-choix de la caisse de pension? Un tel bouleversement signifierait la fin des caisses d’entreprise au profit d’une poignée de grands assureurs privés.
L’avenir du 2e pilier passe par un juste équilibre entre des principes de solidarité bien pensés (à l’intérieur de la génération en cours comme entre générations successives) et la garantie des prestations personnelles. Ce composant essentiel du système de prévoyance se doit de conserver sa place entre le 1er pilier largement basé sur la solidarité et le 3e pilier axé sur l’épargne individuelle.
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