À travers les mailles du tricot

Alors que le tricot représentait l’art domestique par excellence, cette activité suscite dernièrement la curiosité de la génération Z. Biberonnée aux réseaux sociaux, celle-ci se regroupe autour des influenceurs TikTok et des communautés Instagram où tutoriels, partages et défis fleurissent. Chaussettes, écharpes, bonnets ou encore ponchos, tout y passe. Avec de l’imagination et un peu de patience, chaque objet peut avoir son versant tricoté de laine, de coton ou encore de soie.

À Lausanne par exemple, le collectif Tricot Graffiti investit l’espace public en emballant de mailles multicolores mobilier urbain, troncs d’arbres et vélos. De quoi mettre au goût du jour l’art du tricot tout en parant la ville de ses plus belles robes. Que cela soit dans des cafés ou dans des boutiques dédiées, les ateliers, cours ou simples espaces de rencontres sont de plus en plus répandus dans les villes romandes. La tendance du tricot s’accroît, remplissant ainsi un rôle résolument social là où la pratique restait jadis individuelle. L’occasion, bien souvent, d’un moment de partage entre différents âges.

Outre une réappropriation par les plus jeunes, le tricot s’inscrit également dans un contexte de conscience écologique de plus en plus présent. En effet, le retour de cette pratique révèle un idéal plus large: celui de s’émanciper du consumérisme et de la fast fashion à travers l’utilisation de matières locales et la confection de vêtements uniques et faits main dans un esprit de créativité et souvent de méditation. Car l’art de la maille donne également lieu à une posture apaisante, permettant une déconnexion du monde environnant et une liberté de l’esprit bienvenue comme bénéfique.

Plusieurs spécialistes s’accordent sur les vertus relaxantes de cette pratique artistique. Agissant comme un calmant naturel, les gestes répétitifs et l’intrication des mailles libèrent la sérotonine, la fameuse hormone du bien-être. Loisir reposant mais également arme de contestation historique! Durant l’entre-deux-guerres, les créations permettaient d’intégrer des codes secrets entre les mailles. Aujourd’hui, elles arborent parfois un aspect contestataire comme les pussy hats roses et violets, symboles de la lutte féministe. Revendication d’un mode de vie, relaxation ou simple occasion de se retrouver autour d’une activité créative, tels sont les ingrédients du grand retour de la pelotte et de ses aiguilles.