Le vif du sujet
Habitat et nouveaux modes de vies
oct 2023 - 5 minutes
Changement démographique, nouvelles structures familiales, urgence climatique ou encore recherche d’un meilleur équilibre entre vie privée et communautaire sont autant d’éléments qui incitent les spécialistes à repenser l’habitat. Retraites Populaires fait le point sur ces nouvelles tendances.
Des logements adaptables à toutes les situations de vie, des habitations où collectivité et individualité s’entrelacent avec harmonie, des maisons et bâtiments qui fonctionnent de manière autosuffisante, telles sont les idées qui font leur chemin en Suisse comme à l’international afin de promouvoir un habitat plus écologique, inclusif et modulable. Entre innovation florissante et contraintes, les spécialistes de l’habitat du futur doivent parfois faire preuve de flexibilité, à l’image de leurs propositions.
L’avènement de l'habitat communautaire
En Suisse, les ménages d’une seule personne sont fréquents et l’Office fédéral de la statistique présage d’ailleurs leur augmentation d’ici à 2050. Si cette projection confirme la volonté d’indépendance chez une grande partie de la population, elle n’est pas forcément synonyme de solitude. Le développement des habitats communautaires ou espaces partagés comme les « clusters » est révélateur de ce constat.
Composés d’unités d’habitations privatives allant de une à plusieurs pièces, ces logements collectifs s’accompagnent de vastes espaces communs tels qu’un grand salon et une cuisine. Il est ainsi possible de combiner colocation et ménage unique, préservation d’une intimité précieuse et création de lien social, pour une cohésion bienvenue. Apparus en premier lieu à Zurich, ces nouveaux habitats ont également vu le jour à Bâle, à Genève et commencent à investir le secteur immobilier lausannois.
« Les gens souhaitent vivre et vieillir dans leur quartier. »
À plus large échelle, la vie en communauté s’inscrit également dans les relations de voisinage. «Nous le voyons actuellement, les gens souhaitent vivre et vieillir dans leur quartier. La cohésion sociale et les routines quotidiennes ont leur importance. S’il est parfois nécessaire de déplacer des locataires dans de nouvelles habitations quand la rénovation n’est pas envisageable, nous cherchons à favoriser les déplacements dans un même quartier et à instaurer une logique locative multigénérationnelle» commente Sébastien Henchoz, responsable du Service patrimoine et gérance chez Retraites Populaires.
La quête d'une maison écologique
Si la technologie s’affirme comme un élément important dans les nouvelles habitations en facilitant la vie des locataires à travers la domotique, elle connaît également un développement croissant dans le domaine énergétique. La «maison KREIS» à Zurich, par exemple, démontre qu’il est possible de bénéficier d’un habitat économe en ressources d’énergie sans perte de confort. Grâce à diverses technologies, la maison fonctionne de manière autarcique.
La récolte de l’eau de pluie ainsi que la réutilisation des eaux grises y permettent l’autonomie de toute canalisation. Des panneaux photovoltaïques alimentent un foyer faible en besoin énergétique, construit avec des matériaux recyclés et naturellement isolants. Sans oublier une base sur pilotis respectant la biodiversité environnante, ainsi que la culture de légumes par hydroponie au fil des saisons.
« Le droit est en retard par rapport à la rapidité d’innovation. »
Si les résultats sont à la hauteur des ambitions de Devi Bühler, l’ingénieure environnementale à la tête de ce projet, celui-ci rencontre encore quelques obstacles, notamment législatifs. En effet, le droit est en retard par rapport à la rapidité d’innovation des habitats économes, notamment en termes de logistique et de construction. Un constat partagé par les amateurs de «tiny houses», mouvement né aux État-Unis suite à la crise des subprimes en 2008, et qui a gagné en popularité sur le Vieux Continent.
Minimalisme, conscience écologique et économie financière ont su donner un souffle à ces micro-maisons ne dépassant généralement pas les 45 mètres carrés. Si, là aussi, ces habitations nécessitent très peu, voire aucune ressource énergétique sur réseau, elles font face à des contraintes juridiques importantes, tant en termes d’électricité que d’aménagement du territoire. En effet, si elles sont écologiques, elles ne règlent pourtant pas la problématique du mitage.
Des espaces modulaires
La flexibilité étant un maître-mot dans le futur de l’habitat, de nouvelles propositions s’attachent aux espaces modulaires. En Suisse alémanique, le concept de «smallhouse» propose un habitat complet construit sur deux blocs, entièrement réalisé en atelier. Cette modularité permettrait à terme de surélever des immeubles existants, évitant ainsi de nouveaux chantiers au sol.
Actuellement, des immeubles sont réalisés selon cette idée, comme la «Swisswoodhouse» dans le canton de Lucerne ou encore la coopérative de 380 appartements baptisée «Mehr als wohnen» à Zurich. Une pièce auparavant utilisée pour un enfant parti du foyer familial peut alors devenir le bureau du voisin, une chambre à louer pour recevoir ses proches ou encore un espace commun pour pratiquer une activité collective telle que le yoga.
« Nous avons une stratégie ponctuelle établie
en fonction des besoins. »
Les espaces modulaires offrent ainsi une flexibilité rêvée à toutes les phases de la vie, ne nécessitant que quelques aménagements pour passer d’un module à un autre sans affecter l’immeuble. Comme nous l’explique Sébastien Henchoz, Retraites Populaires explore déjà ce type de solutions. «Nous avons une stratégie ponctuelle établie en fonction des besoins d’aujourd’hui et ceux de demain. Actuellement, certaines habitations sont équipées de pièces «joker» multiusages que chacun peut s’approprier à sa manière.» Pratique quand on sait que les structures familiales changent tous les dix ans.
Un secteur en pleine mutation
La vie en collectivité encourage la création de communautés solidaires, l’habitat flexible permet de s’adapter aux évolutions de la vie, l’habitat écologique répond à la recherche de durabilité et l’habitat connecté ouvre la voie à une maison intelligente et personnalisée. En conclusion, le secteur de l’habitat est en pleine mutation en Suisse comme à l’étranger.