Jean-François Michelet, à la rencontre des gens

Comment est né le projet Caravane FM ?

Caravane FM est née en Belgique. C’est une émission qui s’appelait Radio Gaga, réa­lisée par deux comédiens. Ils se sont retrouvés dans une situation de chômage et se sont dit que ce serait chouette de faire de la radio locale dans un hôpital psychiatrique.

Cette expérience d’un mois leur a ouvert les yeux sur ce que la radio pouvait apporter aux gens. Ils ont réitéré cette expérience dans d’autres endroits avec une caravane dans laquelle ils dormaient. La Radio Télévision Suisse est tombée sur le projet et nous a proposé de réaliser la même chose en Suisse romande.

Une anecdote à nous raconter ?

Nous étions à la SUVA à Sion. La nuit, en sortant de la douche, nous avons réalisé que des jets auto­matiques s’étaient enclenchés. Il y en avait quatre et ils étaient en train d’arroser la caravane alors qu’elle était branchée, il y avait plein de courant! On a appelé nos réalisateurs pour leur demander quoi faire et ils nous ont répondu : « Filmez, ça fera de belles images ! » (Rires).

La caravane, un lieu de partage ?

En effet, je crois qu’elle offre un espace pour la confidence. Avec Lionel Frésard, on aime beau­coup rencontrer les gens. Quand une personne s’installe dans la caravane, c’est un moment pour la personne. Et de là sortent des pépites, des bouts d’humain.

Comment se déroulent les témoignages ?

C’est très varié, par exemple on va boire un café ensemble et on parle de toi, on parle de moi. Peut­-être que tu auras vécu des choses difficiles dans ta vie pour lesquelles tu auras envie de te confier et cela sera un moment émouvant. Mais peut­-être que tu aimes aussi rire, alors on va se raconter des blagues. C’est l’arc-­en-­ciel de l’hu­main avec toutes ses couleurs et variations.

Avec Lionel on aime bien rire aussi. Donc on peut accueillir la souffrance et essayer d’en faire quelque chose de plus léger pour ne pas être plombés. Parce que c’est un moment qui est censé faire du bien.

D’où vient votre approche ?

Quand j’avais sept ou huit ans, j’étais alité à l’Hôpital de l’Enfance à cause d’une opération. J’étais alors en colère et triste. Là, j’ai rencontré un ange : un enfant de trois ou quatre ans qui était sur une planche à roulettes, amputé des deux jambes. Il m’a regardé et présenté un sourire tellement profond que ça m’a touché l’âme.

À ce moment­-là j’ai réalisé que d’être dans une situation difficile n’empêchait pas de sourire, d’apprécier ce que tu vis. C’était un moment de bonheur qui m’a permis par la suite de transmettre ce sourire. Avec Caravane FM, on va redonner un sourire à l’autre qui est peut­-être en souffrance. Les gens qui viennent témoigner le disent : c’est beaucoup moins compliqué de traverser une épreuve difficile avec le sourire !

Vous serez bientôt membre du jury du Prix Mécénat et Solidarité de Retraites Populaires, comment l’envisagez-vous ?

J’étais surpris quand on m’a contacté, car je ne comprenais pas la raison de ce choix. Après réflexion, Caravane FM est une émission qui invite à la solidarité dans son sens premier : celui où on va à la rencontre de l’autre.

En son sein, j’ai souvent été sensibilisé à des problématiques dont je ne connaissais l’existence qu’en surface. J’espère que l’on pourra réaliser la même chose avec ce prix, et même aller plus loin, dans l’action, afin de donner à l’autre les moyens d’avancer par lui­ même.

Pour en savoir plus sur le Prix Mécénat et Solidarité 2024: www.retraitespopulaires.ch/prix2024