Le magazine de Retraites Populaires

Illustation / Photographie article Bella vita

Éclairage

Comment créer un îlot de biodiversité?

juin 2024 - 6 minutes

N’importe quel espace vert – le vôtre par exemple – peut devenir un îlot foisonnant pour la préservation des insectes et de la faune, contribuant ainsi au maintien de la biodiversité. Pour y arriver, en ville ou à la campagne, quels sont les gestes à pratiquer ou à bannir? Rencontre avec Nicolas Wüthrich, porte-parole chez Pro Natura.

«Chaque jardin, chaque balcon, représente, par lui-même et à lui seul, l’une des pièces essentielles de ce grand puzzle qu’est la biodiversité», explique d’emblée Nicolas Wüthrich.

 

Un maillage essentiel

Ces îlots verts, aussi petits soient-ils, sont tout aussi importants en campagne qu’en ville. Leur rôle en faveur de la biodiversité est trop souvent sous-estimé. «En ville, ces îlots sont primordiaux, car ils constituent une sorte de maillage vert servant de relais d’étape pour des espèces qui se déplacent», explique-t-il. «Ajoutés aux espaces verts publics, ils permettent ainsi aux insectes, aux oiseaux et à la petite faune sauvage de se nourrir et de s’abriter».

 

Privilégier des plantes indigènes

Un premier geste capital est de planter des arbustes et des plantes sauvages locales pour offrir aux oiseaux une source de nourriture variée et qui leur corresponde. À quoi s’ajoute l’importance de ne pas les tailler trop tôt dans la saison pour leur laisser le temps de développer leurs fruits puis leurs graines et servir de garde-manger durant l’hiver. «D’un point de vue ornemental, on trouve facilement, dans les jardineries, des plantes locales aussi belles et colorées que les plantes venues d’ailleurs», ajoute Nicolas Wüthrich.

 

Vive le désordre

«Des jardins dits propres en ordre sont des déserts pour la biodiversité. Les insectes, tout comme la petite faune et les oiseaux ont besoin de refuges, de branches coupées ou de tas d’herbe pour se réfugier», ajoute le porte-parole de Pro Natura. «Si la pression sociale existe - et peut même parfois être forte – invitant à entretenir ou nettoyer son jardin, des panneaux (Charte des Jardins par exemple) peuvent être installés pour expliquer qu’il s’agit ici d’un jardin naturel et non d’un laisser-aller», recommande Nicolas Wüthrich.

 

En Suisse, 6000 espèces d’insectes, de champignons, de vertébrés et de plantes dépendent d’un tas de bois en décomposition ! Ce geste à la portée de tous peut aussi ajouter du charme au fond d’un jardin.

 

Veillez à ce que la nature survive à vos soins…

«Les pesticides sont un réel problème dans les jardins des particuliers. Si les professionnels sont tenus de suivre des règles précises, on observe une pollution des sols par l’excès de leur utilisation dans les jardins familiaux par exemple. Des préparations biologiques existent. Il faut les préférer et le mieux est même d’éviter tout produit», observe Nicolas Wüthrich. Il suffit souvent de changer quelques habitudes pour que la nature retrouve son équilibre. C’est ainsi que les hérissons, à qui on aura laissé de quoi se réfugier et nicher, se chargeront des limaces. Où que les coccinelles, qui auront trouvé refuge dans un hôtel à insectes, s’occuperont des pucerons.

 

Choisir de semer une prairie fleurie dans votre jardin, au lieu d’un gazon est un geste important pour la biodiversité. Moins consommatrice d’eau et nécessitant aucun engrais, elle sert d’habitat et de réserve de nourriture pour les insectes et la petite faune.

 

La Charte des Jardins

Initiée en 2007 dans une commune genevoise, la Charte des Jardins est devenue la référence nationale en matière d’actions concrètes pour la nature au jardin. Elle insiste sur l’importance d’une démarche collective pour mettre en réseau chaque espace vert, petit ou grand. Ses signataires s’engagent moralement à des actions concrètes en faveur de la nature. Ils peuvent aussi accrocher son emblème aux portes de leur jardin pour témoigner de leur adhésion et ouvrir la discussion avec le voisinage.